Minuit.
Parmi les mondes qui me fascinent le plus, celui que je connait le moins est celui de la
prostitution.
Le truc qui m'a frappé chez la première prostituée qui a croisé mon regard, et que j'ai vue de ma vie, c'est
la paire de jeans. Elle trahit tout. Tes origines, ton vécu, ton usure.
Ce qui revient souvent dans les témoignages, c'est le fossé entre l'
avant et l'
après.
Avant la première fois, ce nuage de pureté qui t'entoure.
Après, l'envie de se doucher avec du détergent.
Se déconnecter de tout au pire moment. Se séparer de son corps comme technique de "survie".
*
La version plus light, nommée
pornographie est également intéressante.
Sur le tournage d'un film, voir les émotions sur leur visage, quand leur regard se croise pour la première fois, quand il se disent que dans une poignée de minutes, ils baiseront ensemble.
Découvrir quelle est la part de simulé, la part de sincère.
Ressentir ce qu'eux mêmes ressentent : dégout ou plaisir ? haine ou amour ? écoeurement ou plénitude ? indignation ou jubilation ?
Ou plutôt le subtil mélange, selon les instants, les dynamiques, entre ces deux extrêmes.
Après je suis vraiment tolérant de tout ça.
Ce que je veux vraiment comprendre, ce sont les motivations. Quelle est la part de besoin économique, de jubilation à transgresser les codes, de résignation.
Ou peut-être tout simplement l'envie d'exercer un job dans lequel on se prend pas la tête et on a les horaires que l'on choisit.
(Et accessoirement un salaire de post-prépa-grande-école.)
à 12:07