Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)
“En secret”, 2011 (Circumstance) : Follow the Mainline or the branch line ?
Les deux héroïnes n’auront jamais été forcées à briser leur passion amoureuse – la possibilité de l’étranger est bien présente. Il y a simplement des « rails » sur lesquels il est plus facile d’avancer. Plutôt que de bifurquer et de s'aventurer sur un chemin de traverse, pour y trouver son bonheur.
Pleinement inscrit dans son époque, ce film majeur nous offre au-delà de l’histoire d’amour, un balcon sur le dévoiement de la classe moyenne éduquée en Iran. Implacable délitement car l’ennemi est à l’intérieur même de la famille ; cette structure centrale et déployée au Moyen-Orient.
Le droit est sorti de son idéal original pour se concentrer sur le contrôle de l’autre. Le protagoniste, homme brillant promis à une honorable carrière abandonne excellence intellectuelle pour des pratiques oppressives, submergé par le sentiment de délégitimation du mâle.
On y voit que l’autoritarisme prend aussi des formes diffuses, et que celles-ci réussissent à transformer la société avec tout autant d’efficacité que les méthodes plus brutales.
Nous ne pouvons rester insensibles au délitement du tissu social iranien car dans nos sociétés interconnectées, nous en vivons -même ici- les conséquences. En face, la société occidentale est au coeur d'une crise financière et économique. Ces dernières semaines l’Iran est revenu sur le devant de la scène et la probabilité d’un conflit militaire est élevée. Les grandes puissances ont chacune choisi leur camp. Qui défendra la paix ? Ou à minima la prise de distance et la négociation ?
La jeunesse ? Tout le paradoxe sublimé par le film est ici. Nous découvrons brutalement que le droit à vivre une vie insouciante ne peut être atteint que dans le cadre d’un combat qui éloigne de l'insouciance recherchée. Choisir entre soumission et résistance est en fin de compte impossible car aucun n’est véritablement réconfortant. Pour les jeunes iraniens épris de liberté le combat est rude car il n’est pas seulement contre une bureaucratie, mais contre une idée-force non dénuée de légitimité, celle du primat des « valeurs morales ». Finalement la séduction des rails est tenace...
J’ai été terriblement touché par cette œuvre qui construit une tension tout en finesse. L'ironie que l'on peut toutefois entrevoir est que dans sa recherche de la liberté l’héroïne choisisse une terre de rêves et d’opportunités, dans laquelle les relations homosexuelles sont aussi réprimées.
Ecrit par andbeyond, le Vendredi 10 Février 2012, 01:34 dans la rubrique "The world".
à 05:01